Maquis Paul CLAIE
Le groupe de sabotage du maquis Paul Claie se composait de vingt-trois membres. A leur tête, un jeune sous-lieutenant, Edouard Pays, né le 26 avril 1919, à Reims, parachuté en Aveyron, près de Sévérac-le-Château, le 15 juin. Cela lui vaut le surnom de « L’Ange ».Affecté au maquis Paul Clé, ses qualités militaires, son esprit entreprenant, le désignent pour un commandement à forte responsabilité et il se voit confier la section de sabotage. Tout de suite, il s’illustre dans plusieurs missions de sabotage de ponts ou d’abattage d’arbres. Des témoignages le présentent comme un chef aimant le combat et capable de témérité. Sur les vingt-deux hommes, treize sont nés entre 1922 et 1924, trois entre 1920 et 1921, les trois plus jeunes, dont Alphonse Roussouly, de Saint-Affrique, ont à peine 18 et 19 ans. Les autres, plus âgés, sont nés entre 1912 et 1920. Le groupe principal est d’origine aveyronnaise.Outre les trois Saint-Affricains (Girbal, Rességuier, Roussouly) on repère un Millavois, Bouloc; un Belmontais, Mouls; Sentoul, de Camarès; Canac, d’Arvieu.Les autres proviennent de l’Hérault et de l’Aude, du Tarn et du Cantal, de départements lointains (Haut-Rhin, Vosges, Finistère, Belfort, Oise et Var). A noter un maquisard d’origine espagnole, Cuadra, et Alémo, un déserteur russe des troupes d’occupation. Une telle énumération illustre la diversité des origines et des âges mais surtout la diversité des courants de pensée, de religions ou d’options politiques qui se rencontrent dans la Résistance. Un tel constat nous interdit de faire un tri parmi ces résistants ou de privilégier tel aspect de la Résistance aux dépens de tel autre. Il doit, au contraire, nous imposer de respecter la vérité historique, à savoir que la Résistance fut plurielle. Rappelons-nous le mot de Chaban-Delmas: « Tout nous opposait sauf l’essentiel ».
Le combat de La Pezade
Sur le chemin du retour, le groupe de 23 maquisards du Maquis Paul Claie, s’arrête au Caylar pour se ravitailler. Des unités allemandes passent fréquemment en direction de Saint-Pierre-de-la-Fage ; aussi les villageois terrorisés insistent pour que le commando parte au plus vite. Mais, probablement dans l’exaltation de la Libération considéré déjà comme acquise, les hommes ne veulent rien entendre, ni conseils, ni recommandations… Plutôt que d’éviter le contact en passant par le village des Rives, ils partent à la recherche des Allemands. Ils rembarquent dans leurs véhicules et se dirigent vers l’embranchement de Cornus. Dans la soirée, l’inévitable affrontement se produit avec un détachement allemand à La Pezade, au nord du Caylar, à la frontière de l’Aveyron et de l’Hérault. Le groupe : dix Aveyronnais, douze originaires d’autres départements et un déserteur russe, est totalement anéanti après un bref combat. Les troupes allemandes achèvent les blessés et mutilent les corps.
Désormais, la colonne en retraite évite la RN 9 et préfère emprunter les routes secondaires pour gagner la plaine. Lors de ces déplacements, les troupes allemandes procéderont à des actes de pillage et de vandalisme. Ce fut notamment le cas à La Couvertoirade. Dans la soirée du 23 août, le Groupe Léger n° 1 du maquis Paul Claie, lors d’une embuscade, attaque un fort groupe d’Allemands qui, pour éviter le Pas de l’Escalette, se dirigeait vers Montpellier par la route de Saint-Pierre-de-La-Fage. Au cours d’une action d’un quart d’heure, les Allemands ont des morts, des blessés et quatre camions détruits.
Avec le combat de La Pezade, s’achevait la libération de l’Aveyron mais la guerre continuait vers la vallée du Rhône, la Bourgogne et le Rhin. La France libre et l’armée d’Afrique, la Résistance intérieure, les alliés progressivement, faisaient leur jonction. Pour nous, outre le souvenir des vingt-trois maquisards, c’est l’occasion de rappeler que c’est le même engagement, le même sacrifice, qui unissent les jeunes combattants aveyronnais, l’aviateur allié, aux autres morts dans les combats en Aveyron. Différents mais ensemble, ils ont assumé leur devoir librement choisi. Tous, illustres ou anonymes, ont permis le rétablissement d’une France démocratique voilà soixante ans. Aujourd’hui, à La Pezade, osons-nous en souvenir.